L’actualité nous démontre chaque jour que les modèles ultralibéraux et mondialisés vivent leurs dernières heures.
Sans être fan de Greta Thunberg ou sombrer dans le pessimisme ambiant combattu par un certain greenwashing, très à la mode ces derniers temps, il convient d’admettre, sans déni aucun, que les turbulences sont pour bientôt, aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises. Que ces prochaines secousses ou tsunamis viennent du monde financier, du tarissement des ressources (pétrole et autres minerais stratégiques pour le business), de pics épidémiques (comme est en train de le montrer le Coronavirus) ou des conflits sociaux (comme l’a démontré l’épisode des gilets jaunes cette année), les entreprises s’exposent à de très grosses pertes de chiffre d’affaires. Si on ose saupoudrer le tout des risques climatiques et industriels et du désengagement croissant des salariés pour leur entreprise par manque de sens, on peut comprendre que les patrons d’entreprise se fassent des cheveux blancs un peu plus vite que d’habitude.
Mon propos est de dire ceci : à défaut d’éviter totalement la claque à venir, anticipons la situation à sa mesure et rendons nos entreprises « résilientes » : souples et flexibles comme le roseau qui ne casse pas.
Flexibilité donc et réflexion à tous les niveaux de la structure pour être en prise avec le présent et le futur et embarquer l’exhaustivité des équipes internes (salariés) / externes (fournisseurs, prestataires) dans l’aventure.
Pour qu’une société fonctionne, il faut un pouvoir décisionnel, des équipes et des machines.
Les machines ne sont pas sous contrôle totalement puisqu’elles dépendent du pétrole et des matières premières stratégiques qui les composent dont la raréfaction ou les problèmes d’approvisionnement risque d’engendrer une pénurie.
En revanche, le pouvoir décisionnel et les équipes seront toujours là pourvu que le sens et donc la motivation soit au rendez-vous pour chacun.
Il convient donc de prévoir dans un premier temps une nouvelle gouvernance, aussi résiliente que possible, en fonction des évènements : un pouvoir décisionnel plus réactif, moins centré sur une personne unique (souvent le dirigeant) et différencié selon les contextes avec des équipes polyvalentes et tournantes : le cercle est vertueux : plus de compétences engendre plus de responsabilité qui à son tour implique plus de flexibilité et plus d’engagement de tous au service de « son » entreprise. Reste à définir le nouveau modèle de gouvernance : qui fait quoi ? quelle implication des salariés dans le capital de l’entreprise et dans les choix stratégiques, à quelle fréquence ? quel niveau de décision ? et de contrôle etc… ?
Ensuite vient le business model de la société : sur quels paramètres avait-il été fondé ? ces paramètres connaîtront-ils toujours une certaine stabilité ? Quels sont les risques inhérents à mon business model ? est-il toujours le plus approprié aujourd’hui ? et demain ? Pourrait-il être modifié ? Comment ? Avec qui ? Dans quelles conditions ? Ce sont également des réflexions à poser sur la table et à faire avancer avec un collectif de profils hétérogènes (dirigeants, actionnaires, salariés).
Enfin, qu’est ce qui rend certaines structures plus résilientes que d’autres, au-delà de l’autonomie croissante de ses membres et de ses compétences complémentaires ? La proximité. Car la proximité est « sous contrôle » : contrôle relatif mais contrôle bien plus important qu’à des milliers de kilomètres : ainsi peut se poser la réindustrialisation de la France, la question des circuits courts qui ne concernent pas uniquement le monde agricole mais aussi le monde industriel, artisanal et des services à terme. Toute la chaîne de production pourrait être revue à l’aune de cette dimension plus contrôlable et plus flexible, donc….plus résiliente.
Mais finalement cet objectif de résilience, n’est-il pas tout simplement le retour du bon sens et le souhait de tout individu ? avoir du sens au travail, travailler en proximité, être responsable, se sentir utile et stratégique pour son entreprise.
Devenez une société « roseau » et démarquez-vous de l’existant !
Comments