Manager n’est pas harceler : clarifions les frontières

À une époque où les entreprises se plaignent activement du manque de courage managérial, il est important de constater que cette plainte coïncide avec une inflation des procédures internes/externes pour « harcèlement » présumé. Car rappelons le, seul un juge peut qualifier juridiquement un comportement de « harcèlement moral ».

Notre société a effectué un mouvement de balancier : nous sommes passés d'une époque que j’ai bien connue où les abus de pouvoir étaient monnaie courante et souvent sous-traités par les Directions, à une époque où le moindre mot de travers peut être perçu comme une micro agression, voire du harcèlement moral. Comment un manager peut-il donc s'y retrouver dans ce contexte ? Les injonctions contradictoires sont par ailleurs à l’origine de l’explosion des RPS qui concernent aussi les managers. On comprend mieux pourquoi la fonction managériale fait fuir?

Pour restaurer une posture managériale saine, il est essentiel de distinguer ET de communiquer clairement sur ce qui relève du « harcèlement moral » (et son cortège de perversions car les harceleurs existent aussi) et ce qui relève du management. Le management recouvre plusieurs facettes : accompagner, motiver, fédérer mais aussi recadrer. Le manager n’a pas vocation à être un GO du Club Med. Aussi, il est temps de redonner une certaine verticalité aux managers et relégitimer leur rôle en disposant des moyens d'agir et de recadrer lorsque nécessaire, sans craindre systématiquement la qualification de harcèlement. Sans cela, le courage managérial poursuivra sa lente disparition. Les outils pour se développer et s’améliorer ne manquent pas (formation, coaching, psychothérapie) mais la posture managériale attendue est éminemment politique en entreprise et doit donc être soutenue/clarifiée par la Direction. Et vous ? Avez-vous aussi, constaté cette problématique particulière?