Je vois aujourd'hui un véritable emballement autour des gains de temps, de productivité et d'argent liés à l’utilisation de l’IA, quel que soit son nom. Et c’est bien mérité. Personnellement, je partage cet enthousiasme… mais partiellement seulement.
Car, je sais aussi bien que quiconque que l’effet soufflé ne manquera pas d’arriver. On ne peut pas ignorer le risque d’un sentiment d’inutilité grandissant, d’un sens au travail à la dérive, et au final, d’une impression de régression.
Les risques psychosociaux, qui sont déjà un enjeu aujourd’hui, risquent de se renforcer avec cette dépendance à la technologie et avoir encore de beaux jours devant eux… sans cynisme aucun...
Alors comment ne pas devenir un vieux schnock réac, anti-modernité, qui lutte contre cette invention magnifique, comme ceux qui ont lutté contre l’imprimerie, les machines ou les automobiles ? Et comment éviter de devenir un futur singe déclassé par un excès de paresse et une délégation excessive à l’IA ?
La question se pose aussi pour notre jeunesse et ses apprentissages scolaires/académiques : comment performer/surperformer avec rapidité et conserver le nécessaire sens de l’effort qui implique un temps plus long/lent, nécessitant patience et sueur … (je recommande au passage l’excellent bouquin d’Olivier Babeau : « L’ère de la flemme »).
La réponse : la souveraineté intellectuelle. Il s'agit de maintenir notre esprit critique, nos idées et notre créativité sans se laisser totalement guider par la machine. Cela signifie également rester maître de ses décisions et ne pas laisser l’IA trancher à notre place. En résumé, garder la main sur sa manière de penser et de travailler, même lorsqu’on utilise la technologie. Ne pas lui donner plus d’importance qu’elle n’en a. Challenger l’information, challenger la structuration de l’information, challenger un discours et ses sources : ces pratiques doivent être appliquées aussi bien aux réponses données par des humains qu'à celles générées par des IA. Faire préciser, questionner, et surtout, ne pas accepter la première réponse comme étant la vérité absolue, est une clé essentielle pour une utilisation intelligente de l’IA.
Bien que cela puisse sembler être une perte de temps en apparence, j’en conviens, cela nous permet de gagner énormément en rigueur intellectuelle, en profondeur de réflexion, et, en fin de compte, en crédibilité. En effet, la première réponse générée par une IA est rarement la plus fiable, et souvent, il faut un travail de remise en question, de vérification des sources et d’évaluation critique pour aboutir à une analyse pertinente et juste.
En pratiquant cette forme de résistance intellectuelle, nous gagnons le sentiment d’être utile et de la sérénité intellectuelle. Il ne s'agit pas d'une fuite en avant vers une utilisation passive de la technologie, mais d'une approche active et consciente, dans laquelle nous restons les acteurs principaux de notre réflexion et de notre action.
Et vous, vous vous situez comment sur ce sujet ? Confiance ? Méfiance ? un peu des 2 ?

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